
Fin de l’été : Observer (et stimuler!) les précurseurs à la communication chez les tout-petits
Fin de l’été : Observer (et stimuler!) les précurseurs à la communication chez les tout-petits
La fin de l’été marque souvent une période de transition : retour à la garderie, intégration de nouveaux enfants, routines qui se réinstallent tranquillement… C’est aussi un moment idéal pour observer les bases de la communication chez les tout-petits, même ceux qui parlent peu ou pas encore.
Parce que oui, communiquer, ce n’est pas seulement parler! Bien avant les premiers mots, l’enfant développe des habiletés précieuses qu’on appelle les précurseurs à la communication. Ces comportements subtils, mais tellement importants, sont les fondations sur lesquelles le langage pourra s’appuyer.
Pourquoi observer les précurseurs à la communication?
En début d’année ou après une pause estivale, les enfants n’arrivent pas tous au même point. Certains utilisent déjà plusieurs mots, d’autres communiquent encore uniquement avec leurs gestes, leur regard ou leurs sons.
En portant attention aux précurseurs, vous pouvez :
- repérer les forces de chaque enfant;
- adapter vos interventions en fonction de leurs besoins;
- mieux soutenir les enfants qui s’expriment différemment;
recueillir des observations utiles pour les discussions avec les parents.
Bonne nouvelle : ces comportements se repèrent très bien en contexte de jeu libre ou de routine!
5 grands précurseurs à observer (et à stimuler!)
Voici cinq précurseurs à la communication sur lesquels vous pouvez porter votre attention en cette rentrée, avec des exemples concrets et des idées d’activités à intégrer facilement à votre quotidien.
1. L’intention de communication
C’est quoi?
C’est quand l’enfant cherche activement à entrer en interaction avec un autre, peu importe la forme (sons, gestes, regards…).
Exemple :
Un enfant fait un petit bruit, vous regarde et vous tend un jouet. Il essaie clairement d’initier un échange.
Pourquoi c’est important?
C’est la motivation à communiquer. L’enfant comprend que ses actions peuvent provoquer une réaction chez l’autre.
À essayer en groupe :
- Faire semblant d’attendre une réponse avant de commencer une chanson.
- Créer des petits jeux de surprise ou d’attente (ex. : « Un, deux, troiiiiis… »).
- Laisser l’enfant initier l’interaction avant de répondre trop rapidement à ses besoins.
- 2. Le contact visuel
- C’est quoi?
- C’est quand l’enfant regarde intentionnellement l’adulte dans les yeux, souvent pour exprimer quelque chose.
- Exemple :
- L’enfant vous regarde avec un grand sourire après avoir fait une action rigolote.
- Pourquoi c’est important ?
- Dès les premières semaines, il constitue la première forme de communication, avant toute parole.
- Il indique que l’enfant veut communiquer avec vous.
- Poser un contact visuel permet à l’enfant de mieux identifier les sons et les mots, en observant les mouvements de votre bouche et vos expressions.
- Il renforce l’attention, le lien affectif et la capacité à répondre aux modèles de langage.
À essayer en groupe :
- Se mettre à la hauteur des enfants le plus souvent possible.
- Jouer au miroir ou à « coucou-caché ».
- Faire des grimaces et attendre la réaction de l’enfant.
3. L’attention conjointe
C’est quoi?
C’est quand l’enfant et l’adulte regardent la même chose en même temps, avec conscience de ce partage.
Exemple :
Vous pointez un chat qui passe dehors, l’enfant suit votre geste et vous regarde ensuite.
Pourquoi c’est important?
L’attention conjointe est un prérequis essentiel au développement du langage oral. Elle permet à l’enfant :
- D’apprendre de nouveaux mots, car il associe le mot à l’objet ou à l’événement visé;
- De partager une expérience avec un adulte, ce qui renforce le lien et la motivation à communiquer.
À essayer en groupe :
- Lire des livres en pointant les images.
- Observer ensemble ce qui se passe dans la cour : oiseaux, camions, autres enfants.
- Nommer ce que vous et l’enfant regardez ensemble : « Oh! Le ballon rouge! »
4. L’imitation (verbale ou motrice)
C’est quoi?
C’est quand l’enfant reproduit un geste, un son ou une action observés chez un adulte ou un pair.
Exemple :
L’enfant vous voit frapper des mains pendant une chanson et vous imite.
Pourquoi c’est important?
L’imitation est un outil naturel d’apprentissage. C’est ainsi que les enfants apprennent à parler, à faire des gestes sociaux, à jouer…
À essayer en groupe :
- Chanter des chansons avec des gestes (ex. : « Les petites marionnettes »).
- Faire des jeux moteurs simples à copier (sauter, taper, secouer…).
- Reproduire les actions de l’enfant à tour de rôle pour encourager la réciprocité.
- 5. Le tour de rôle
- C’est quoi?
- C’est la capacité d’attendre son tour et de comprendre que la communication est un échange.
- Exemple :
- L’enfant pousse une balle vers vous et attend que vous la lui rendiez.
- Pourquoi c’est important?
- C’est ce qui permet de tenir une conversation plus tard. Le langage repose sur l’alternance.
- À essayer en groupe :
- Faire des jeux de balles ou de maracas à tour de rôle.
- Compléter une phrase à deux (ex. : « Toc toc toc… qui est là? »).
- Utiliser un bâton de la parole lors de causeries pour savoir qui a le droit de parole.
Et ensuite?
Observer ces précurseurs, c’est plus qu’un outil de dépistage. C’est une façon bienveillante de voir la richesse de la communication chez chaque enfant, même s’il n’utilise pas encore de mots.
Si vous remarquez que certains enfants utilisent peu ou pas ces habiletés, vous pouvez :
- Ajuster vos interventions pour les soutenir davantage;
- En discuter avec vos collègues ou les parents;
- Noter vos observations pour suivre l’évolution dans le temps.
Conclusion
En cette fin d’été, offrez-vous le temps d’observer ce qui précède les mots. Les regards, les gestes, les sourires, l’attention partagée sont autant de façons de dire : « Je suis prêt à communiquer ».
Et parfois, un simple échange de ballon ou un éclat de rire partagé… c’est déjà un début de conversation!