Quand l’environnement d’été devient moteur de langage

Quand l’environnement d’été devient moteur de langage

Quand l’environnement d’été devient moteur de langage

L’été comme terrain d’exploration langagière : Adapter l’environnement pour favoriser le langage expressif

L’été transforme le quotidien des milieux de garde : les activités prennent l’air, les routines se déplacent dehors, les jeux deviennent plus libres, plus actifs, plus spontanés. Et si cette période, un peu moins encadrée, devenait aussi une belle occasion de soutenir le développement du langage expressif?

Dans cet article, on explore comment l’adaptation de l’environnement estival, autant physique que social, peut multiplier les occasions naturelles de parler, de s’exprimer et de créer des liens par le langage. En s’appuyant sur des contextes familiers comme les promenades, le jardinage et les sorties au parc, je vous propose des pistes d’observation et d’intervention simples à intégrer à votre quotidien.

Pourquoi adapter l’environnement estival pour soutenir le langage expressif?

Le développement du langage expressif chez l’enfant ne repose pas uniquement sur ses capacités individuelles, mais aussi, et surtout, sur la qualité et la fréquence des interactions auxquelles il est exposé. Selon Naître et grandir (mise à jour : août 2024), « plus un enfant est exposé à du langage et plus on l’encourage à s’exprimer, plus il développe ses habiletés à communiquer ». En contexte de garde, cela passe notamment par des échanges signifiants, des routines riches en vocabulaire et des occasions naturelles de prendre la parole.

L’été, en raison de son rythme plus souple et de la diversité des activités proposées, offre justement un terrain fertile pour stimuler les échanges verbaux… à condition que l’environnement soit propice à ces interactions.

Adapter l’environnement, c’est donc réfléchir :

  • Aux espaces : sont-ils invitants, stimulants, organisés?
  • Aux matériaux : permettent-ils des jeux ouverts, symboliques, coopératifs?
  • Aux interactions : l’adulte intervient-il de façon à favoriser l’expression spontanée?

Trois activités estivales à fort potentiel langagier (… et comment les adapter pour favoriser les habiletés expressives!)

👣 1. Les promenades

Ce que ça stimule :

Le vocabulaire lié à l’environnement (arbres, trottoir, insectes, oiseaux), les verbes d’action (marcher, sauter, écouter, regarder), les interactions spontanées, les petites phrases descriptives, les discussions autour des émotions ou des préférences (« j’aime ça! », « j’ai peur du chien »).

Comment adapter l’environnement :

  • Marcher lentement et prendre le temps d’observer ce qui entoure les enfants.
  • Intégrer des rituels langagiers simples : chercher un objet de chaque couleur, décrire ce qu’on voit, décrire les changements observés comparativement à hier.
  • Laisser des moments de silence pour permettre aux enfants de commenter d’eux-mêmes, pour poser une question ou pour partager une observation.
  • Utiliser les sens : « Est-ce que tu entends l’oiseau? », « Ça sent quoi ici? », « Regarde les traces dans le sable! ».

Ce qu’on peut observer :

  • L’enfant initie-t-il des commentaires sur ce qu’il voit ou ce qu’il entend?
  • Utilise-t-il du vocabulaire nouveau?
  • Est-ce qu’il tente de raconter ce qu’il voit aux autres ou de poser des questions?

🌱 2. Le jardinage

Ce que ça stimule :

Le vocabulaire spécifique (outils, plantes, étapes), les phrases descriptives, le discours procédural (étapes), les justifications et les anticipations (« Je creuse pour mettre la graine. »)

Comment adapter l’environnement :

  • Proposer un petit coin-jardinage facilement accessible (bacs, outils à leur taille, arrosoirs…).
  • Encourager les enfants à expliquer ce qu’ils font ou ce qu’ils vont faire.
  • Faire participer les enfants à toutes les étapes : préparer la terre, planter, arroser, observer la pousse.

Ce qu’on peut observer :

  • L’enfant décrit-il ce qu’il fait ou ce qu’il voit?
  • Utilise-t-il des suites d’actions pour décrire les étapes à suivre?
  • Tente-t-il d’utiliser les nouveaux mots appris?

🛝 3. Les sorties au parc

Ce que ça stimule :

L’initiation d’interactions, les récits d’expérience, les expressions de besoins ou d’émotions, les échanges sociaux entre pairs.

Comment adapter l’environnement :

  • Favoriser les jeux symboliques (ex. : la glissade devient un bateau, les modules une station spatiale).
  • Utiliser les routines pour initier des échanges :

– Avant : « Qu’est-ce que tu veux faire aujourd’hui au parc? »

– Pendant : « Tu grimpes haut! », « Tu veux aller plus vite? »

– Après : « Raconte à ton ami ce que tu as fait sur la balançoire. »

  • Être un modèle de langage en soulignant les émotions : « Tu sembles fier! », « Tu riais fort en glissant! »

Ce qu’on peut observer :

  • L’enfant commente-t-il ses propres actions dans les jeux?
  • Initie-t-il des échanges avec les pairs ou avec les adultes?
  • Tente-t-il de raconter ce qu’il a vécu?

L’importance de l’observation en contexte naturel

Observer les enfants dans un cadre naturel, sans leur imposer une tâche spécifique, permet de mieux saisir leur utilisation spontanée du langage.

Voici quelques éléments à observer :

  • Est-ce que l’enfant parle de manière spontanée?
  • Quels types de phrases utilise-t-il (mots isolés, phrases complètes, séquences)?
  • Quel est le but de ses énoncés (demander, commenter, partager une idée, etc.)?
  • Est-ce qu’il a tendance à utiliser des mots précis quand il s’exprime?
  • Est-ce qu’il est en mesure de se faire comprendre (par des personnes familières, par des pairs, par des étrangers, etc.)?

L’observation guide ensuite nos interventions :

  • On reformule ce que l’enfant dit pour enrichir ses phrases.
  • On attend un peu plus longtemps pour lui laisser de la place pour s’exprimer.
  • On élargit ses idées : s’il dit « voiture mouillée », on peut proposer « Oui, la voiture rouge est mouillée! ».
  • On nomme ce qu’il nous pointe ou ce qui attire son attention.

En conclusion : L’été, un laboratoire à ciel ouvert

En adaptant intentionnellement l’environnement estival, on crée un espace d’apprentissage vivant, riche, et surtout profondément humain. Le langage expressif des enfants se nourrit de ces moments informels, de ces petits échanges autour d’un arrosoir ou d’une glissade.

Comme éducatrices, vous avez entre les mains le pouvoir d’orchestrer ces opportunités, sans surcharger l’horaire, simplement en étant attentives, disponibles… et prêtes à savourer les mille et une façons qu’un enfant peut avoir de dire le monde.

Article rédigé en juin 2025 par Érika Asselin, M.Sc. Orthophoniste

Source :

  • Naître et grandir. (2024, août). Langage : développement et stimulation chez les enfants de 1 à 3 ans. Consulté en juin 2025